Un nouveau souffle pour la maison Chanel avec  le premier défilé du designer franco-belge Matthieu Blazy

C’était l’un des moments les plus attendus de cette Paris Fashion Week : le premier défilé du designer franco-belge à la tête de la maison de la rue Cambon. Une entrée en scène scrutée, commentée, parfois redoutée — tant la succession dans une maison aussi mythique que celle-ci relève d’un exercice périlleux. Entre respect du patrimoine et désir d’émancipation, le créateur a livré une partition d’une rare justesse, où l’audace contemporaine se conjugue avec la rigueur d’un héritage centenaire.

Sous les ors du Grand Palais Éphémère, les invités — de la sphère mode aux habitués de la maison — ont découvert une collection qui réinterprète les codes fondateurs : le tailleur en tweed, la petite robe noire, la chaîne dorée, le camélia. Mais ces icônes, loin d’être figées, se sont vues revisitées avec un sens du contraste propre au créateur : des volumes allongés, une palette de noirs profonds rehaussée de blancs cassés et d’argent liquide, des matières techniques côtoyant la soie la plus fine.

Le défilé s’ouvre sur une silhouette stricte, presque monacale — un tailleur à la coupe précise, porté sur des bottes hautes aux lignes futuristes. Puis la tension se relâche : des robes fluides, des transparences subtiles, une féminité réinventée qui n’a rien de nostalgique. On retrouve dans cette mise en scène une forme de retenue maîtrisée, un romantisme sans mièvrerie.

« Je voulais rendre hommage à la femme de la maison sans la figer dans un passé glorieux », confie le créateur en coulisses. « L’idée, c’était de retrouver la liberté qu’elle incarnait — pas de la copier. »  D’où cette idée de dynamiter les codes. Exit le tailleur Chanel strict et formel, on trouve des volumes modernisés, un tweed effiloché, des épaules davantage arrondies qui confèrent une allure plus contemporaine. 

Le public, debout à la fin du show, a salué une collection à la fois respectueuse et visionnaire. Si la pression d’un premier défilé à la tête d’un tel empire peut écraser les plus téméraires, le designer franco-belge, lui, a su transformer cette attente en manifeste. Entre héritage et invention, il signe une entrée remarquée dans la légende de la rue Cambon. On a particulièrement apprécié les silhouettes masculines clin d’œil en hommage à son amour Boy Capel.



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