Dunkerque – le film – une version blanchie de l’histoire.Où sont les africains, indiens, maghrébins, asiatiques ?
« Dunkerque » retrace le récit de l’évacuation des troupes alliées de Dunkerque. Ce film britannico-franco-américano néerlandais est réalisé par Christopher Nolan avec pour acteurs principaux Fionn Whitehead,Harry Styles, Cillian Murphy … Sorti tout récemment en salle, le film obtient un succès moins important que toutes ses précédentes réalisations. Les décors et le style de Nolan donnent l’impression d’être embarqués dans le film et la musique, marquée par des sonorités répétitives, renforce ce sentiment. Nolan a tellement axé son travail sur l’esthétisme que le jeu des acteurs et les comédiens eux-mêmes passent inaperçus.
Mais ce qui choque davantage est que, ce film historique sensé traiter du rapatriement de centaines de milliers de soldats britanniques et français piégés à Dunkerque et encerclés par les Allemands est davantage centré sur le sort des britanniques. Sans compter que l’on ne voit pas les soldats indiens et africains intervenir dans le sauvetage des troupes Alliées. Dans les faits, en réalité, sur les plages de Dunkerque, en mai 1940, on trouvait 1 800 soldats des forces royales indiennes, dépêchés tout droit de Bombay pour aider les troupes britanniques. Et parmi les 130 000 Français évacués jusqu’à Douvres, il y avait des soldats marocains, algériens et tunisiens. Des matelots d’Asie du Sud et d’Afrique de l’Est avaient également été dépêchés. Aucune trace d’eux ! Cette version blanchie de l’histoire est inquiétante à plus d’un titre : les troupes non-blanches étaient les dernières de la file d’évacuation car elles étaient chargées d’aider les soldats blancs. Sans elles, point de salut ! Les alliés auraient couru à la catastrophe. Ne pas reconnaître ceux qui ont combattu, aidé et sont morts pour la liberté et la paix est dangereux pour tous. C’est aussi une façon de véhiculer ce sentiment de haine de l’autre, de l’étranger, de celui qui est différent et ici,en l’occurrence, de celui qui est noir, basané. « L’esprit de Dunkerque », le fait de se rassembler et d’agir ensemble fait partie du vocabulaire britannique. Mais l’opération Dynamo, ce sauvetage, miracle de la délivrance n’aurait pu avoir lieu sans tous ces hommes de couleur invisibles dans le film de Nolan. Est-ce un parti pris ?