Nique la France ou vive la France qui fustige Danièle Obono, députée noire qui défend la liberté d’expression des artistes ?

  • La députée, récemment élue de La France insoumise, s’est vue rappeler sur RMC, une pétition signée en 2012 : elle y défendait la liberté d’un artiste qui chantait «Nique la France». Pourquoi la montre t-on du doigt, aujourd’hui ? Parce qu’elle est noire ? Elle est la seule femme des signataires à se faire jeter en pâture.
    Danièle Obono, porte-parole nationale de La France insoumise élue députée de la 17e circonscription de Paris, fait l’objet d’une polémique surréaliste. Bibliothécaire, chercheuse en anthropologie sociale et spécialiste en études africaines, elle est également engagée politiquement.
    Une fois n’est pas coutume, ça démarre de la fachosphère, le Front National prend le relais et les réseaux sociaux aidant, l’affaire est montée en épingle. A l’époque, Saïdou du groupe ZEP, Zone d’expression populaire et le sociologue Saïd Bouamama étaient accusés d’injure publique et provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Inutile de rappeler qu’à l’origine de ce tintamarre, on retrouve une plainte de l’Agrif, Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne, association d’extrême droite.
    Invitée sur RMC, Danièle Obono se retrouve au grand oral des Grandes Gueules. On lui rappelle la pétition signée :
    « en tant que députée, êtes-vous fière d’avoir signé ?  » Sa réponse sera claire, limpide et logique  : «Pour défendre la liberté d’expression de ces artistes, oui. Parce que ça fait partie des libertés fondamentales.» Et devinez la suite ? En grand tribunal de la laïcité, de la démocratie et de la francoligie, les chroniqueurs indignés lui demandent de crier : « vive la France !  » Tout simplement scandaleux ! Non mais de quoi parle t-on ? Il s’agit au départ d’une question liée à la liberté d’expression, qui somme toute, trouve sa légitimité au moment des faits et dans un contexte précis. D’autant qu’à l’époque Noël Mamère, Clémentine Autain, Eric Coquerel, Eva Joly, Olivier Besancenot avaient eux-mêmes, signé cette pétition. Leur a t-on demandé de crier : vive la France et leur a t-on reproché un quelconque désamour ou manque de respect pour la mère patrie ? Non, jamais ! Que disait la chanson d’ailleurs ? Elle disait : «Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes. Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes.»
    Alors, ce faux procès ainsi que le ton accusateur des journalistes qui ont osé
    lui répondre que « la République lui a permis d’être là où elle est  » tout cela est simplement honteux et scandaleux !
    Danièle Obono est devenue l’ennemi identitaire parce qu’elle est noire.


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