« LE MARIAGE ENTRE LES NOIRS EST UN ACTE POLITIQUE » SELON KÊNIA MARIA

Kênia Maria affirme sans ambages qu’ il est rare de voir au Brésil des hommes noirs ayant réussis vivre en couple avec des femmes noires. Kênia Maria est une actrice, businesswoman au Brésil et surtout une grande militante. La belle et dynamique femme de 41 ans utilise Internet êt les réseaux sociaux afin de promouvoir ses idées et son engagement. Elle fait part d’un constat que l’on retrouve schématiquement ailleurs. Il est rare de voir des hommes brésiliens noirs avec des femmes noires. Ses observations sont révélatrices d’un état de fait résultant des préjugés véhiculés par la société et par ceux qui souhaitent maintenir et renforcer une hiérarchisation des êtres humains en fonction de leur couleur de peau. Plus la couleur est foncée moins l’individu aura de considération.
Une forme d’esclavagisme du genre humain. Depuis les slaves esclaves des Balkans, on est un humain qui, même semblable ou dissemblable de race, d’origine ou de religion, peut être transformé en un autre.
Les processus de désocialisation, de déculturation, de dépersonnalisation et d’exclusion au sein de la société contemporaine font de lui une personne marginalisée et pointée du doigt ne pouvant accéder aux mêmes codes régissant les interactions sociales d’avec l’homme blanc. De fait, l’homme noir sera assujetti à un traitement qui fera de lui un citoyen diminué, amputé de son identité.
Pour Maria, aimer un homme noir a toujours été naturel grace à son éducation.
Belle, élégante, intelligente Kênia se sent telle une reine auprès d’Erico Bras son époux avec lequel elle vit un amour noble. Elle célèbre l’amour, parce que son mari la comprend et l’appréhende comme une femme noire. De la texture de ses cheveux, de son corps aux courbes généreuses, tout est simple, naturel, fluide.
En Europe, comme au Brésil, on remarque que les joueurs de football aiment s’afficher publiquement avec des loiras, c’est à dire des blondes. Comme si la femme blanche, blonde était un gage de réussite sociale. De plus en plus de personnalités tentent de briser ces diktats induits par les comportements résultants d’une culture et éducation héritée de l’esclavagisme et ensuite du colonialisme.
Dans sa chanson « Ponta de Lança », le rappeur Rico Sapiência parle des pretos e pretas, des femmes et des hommes noirs qui s’aiment. Progressivement et grâce à ce discours positif faisant l’éloge de la noirceur, nous l’aimons notre noirceur. Il devient naturel de se mettre en couple avec quelqu’un comme soi.
L’art sous toutes ses formes est un excellent instrument de transformation, de sensibilisation mais également de manipulation. Tous les systèmes autoritaires qui visent à soumettre une ethnie à l’autre, utilisent l’art pour le manipuler. Elle confie qu’au Brésil, les gens se demandent pourquoi elle est avec Erico. Et quand elle dit qu’elle est sa femme, cela choque. « Je me sens comme une reine, parce que la relation avec un homme noir conscient est très différente.
Un homme noir qui aime une femme noire, qui comprend ses cheveux, la texture, n’a pas peur de mettre sa main dans mes cheveux et comprend que le corps de la femme noire ne sera jamais le même qu’une femme blanche.
Je suis une femme avec des hanches, je suis une femme forte. Je ne suis pas meilleure ou pire, mais je suis différente, sou uma mulher negra, je suis une femme noire ».
Dans le milieu du football de son mari, elle s’est retrouvée seule femme noire dans un environnement de femmes de type Barbie. On la prenait pour la nounou des enfants ou l’infirmière de l’équipe.
Son mari lui a même dit que son propre père avait beaucoup parlé de « la femme présence », qui est la femme blanche. La noire est celle qui n’a aucune présence, aucune justification à être présente dans certains endroits. Le machisme y est également pour quelque chose, selon elle : la belle maison, la voiture luxueuse sont associées pour eux à une femme idéalisée ou fantasmée, une femme blanche.
Féministe, militante, Kênia Maria se mobilise pour les femmes noires , elle lutte contre les discriminations raciales. Au sein de l’ONU, elle a formé un groupe composée de femmes telles que Camila Pitanga et Juliana Paes qui s’engageront dans la lutte contre le racisme, violences faites aux femmes, le sexisme et les préjugés. Elles entendent s’exprimer sur ces sujets par le biais de ses comptes sur les médias sociaux.



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